La face cachée des biocides en ligne : entre enjeux de sécurité et défis de régulation
Aujourd’hui, nous abordons un sujet important à la fois pour les professionnels et les consommateurs : la régulation des ventes de biocides. Face aux enjeux liés à la sécurité, la santé et l’environnement, il est essentiel de comprendre les défis et les solutions pour mieux protéger chacun. Découvrez dans cet article comment la loi Egalim et d’autres mesures peuvent contribuer à un commerce plus sûr et responsable.
Des produits biocides professionnels sur Internet, est-ce bien raisonnable ?
La vente de produits biocides professionnels sur internet est un problème majeur. On trouve de tout sur le net, et même des produits avec des substances actives interdites. La régulation des ventes en ligne est souvent plus complexe et difficile à mettre en œuvre que celle des ventes en magasin. Et cela pour plusieurs raisons…
Les transactions en ligne impliquent souvent différents pays (vendeurs, acheteurs et plateformes de commerce) ayant leurs propres lois et réglementations. Cela rend la collaboration complexe et lente. Les vendeurs en ligne, souvent anonymes ou utilisant de fausses identités, posent aussi des problèmes de traçabilité et de sanctions. De plus, les ventes se font via diverses plateformes, ce qui pose des défis uniques en matière de régulation.
Le commerce électronique évolue rapidement, et les autorités de régulation peuvent avoir du mal à suivre ces changements et à adapter les réglementations en conséquence. Le nombre de transactions en ligne est bien plus élevé que dans les points de vente physiques, rendant le contrôle et la surveillance plus difficile.
De plus, un biocide vendu en ligne est généralement expédié par voie postale, ce qui complique le contrôle et la vérification du contenu de chaque colis. Enfin, les organismes de régulation peuvent manquer de ressources financières et humaines pour surveiller efficacement le commerce électronique et prendre des mesures en cas de violation des réglementations.
Heureusement, certains commerces en ligne sont soucieux du respect de la réglementation en matière de biocides pour garantir la sécurité des utilisateurs et de l’environnement.
Ventes biocides : entre importations illégales et contrefaçons
Rappelez-vous si vous y étiez ! C’est un sujet qui a animé les débats lors des Journées techniques 2022 de la CS3D (à Pau). Marie-Laure Biannic, du Collège Distributeur, avait fait une intervention sur les biocides et les écarts à la réglementation. Car la question concerne en effet tous les distributeurs de produits biocides professionnels, mais pas que ! Il concerne aussi les professionnels que vous êtes. Et bien évidemment, il concerne les utilisateurs de ces produits lorsqu’ils tombent entre leurs mains.
Il n’y a pas que le commerce en ligne qui pose problème, avait-t-elle souligné à juste titre. Il y a aussi les problèmes d’importations illégales et des contrefaçons, qui touchent également les ventes hors ligne. Elles peuvent avoir des conséquences négatives sur les consommateurs, les entreprises et l’économie en général.
Un produit biocide contrefait ou importé illégalement peut compromettre la santé et la sécurité des utilisateurs. Il sera souvent dangereux en raison des substances actives qu’il contient, ou encore parce que l’étiquette n’est pas traduite… Les entreprises légitimes perdent des ventes et voient leurs marques dévalorisées en cas d’accident – et des accidents, il y en a malheureusement ! Pas de taxes ni de droits de douane, non plus…
Bref, cela impacte négativement l’économie, érode la confiance des consommateurs, et finalement affecte l’ensemble du marché.
Achat des produits biocides : la loi Egalim veut réguler tout ça !
Les biocides, pouvant être dangereux s’ils sont mal utilisés, ont été étudiés par l’ANSES. L’étude Pesti’home visait en effet à évaluer l’exposition aux pesticides dans les foyers français et à orienter les politiques pour une utilisation plus sûre et responsable. Elle révèle une utilisation généralisée, souvent inappropriée, avec un manque de connaissance et de sensibilisation aux bonnes pratiques. De plus le stockage très souvent inapproprié des produits augmente les risques pour la santé et l’environnement.
Dans son récent numéro hors-série sur les nuisibles, 60 millions de consommateurs souligne par ailleurs les accidents liés aux biocides affectant humains et animaux domestiques. Le magazine, rappelle à ce propos l’importance des centres antipoison. Un article évoque par exemple la mauvaise utilisation des insecticides qui peut entraîner des intoxications graves. Une pleine page est aussi consacrée à la protection des animaux domestiques.
De tout ceci découlent diverses dispositions. Notamment la loi Egalim vise à améliorer la régulation des biocides en France en prévoyant leur mise sous clé. Une question qui inquiète les professionnels qui mettent des insecticides et des raticides sur le marché amateur. En effet, la mise sous clé des produits semble représenter une baisse prévisible des ventes. Ils sont toujours en attente d’un arrêté qui précisera les biocides concernés et le délai pour se conformer à la réglementation.
Et Ensystex, dans tout ça ?
Les distributeurs de biocides amateurs ont exprimé cette inquiétude lors de notre participation aux JdC (Journée des Collections Garden Trends, à Marseille du 28 au 31 mars). Il est vrai que la mise sous clé des biocides pourrait entraîner une baisse des ventes car le consommateur pourrait être moins enclins à acheter un biocide moins accessible.
Cependant, il est important de peser les avantages et les inconvénients de cette régulation. La sécurité des personnes et des animaux domestiques, ainsi que la protection de l’environnement, doivent être prises en compte. Si la mise sous clé des biocides peut réduire les risques liés à leur mauvaise utilisation, elle pourrait être justifiée malgré l’impact sur les ventes.
De plus, cette mesure dirigera la gestion des nuisibles vers des professionnels. N’oublions pas cependant que l’accès à ces services peut être coûteux pour certains particuliers.
Pour atténuer l’impact de la régulation des biocides, les professionnels et autorités pourraient :
- informer et éduquer les consommateurs, pour améliorer la perception des produits ;
- offrir des formations et certifications, pour rassurer les consommateurs ;
- promouvoir le développement de produits moins nocifs et écologiques, pour attirer des consommateurs soucieux de la sécurité et de l’environnement ;
- collaborer étroitement avec les autorités pour appliquer une régulation équilibrée, et tenir compte des préoccupations des professionnels et des consommateurs.
Quant à la régulation des ventes en ligne, plusieurs mesures pourraient être prises pour combattre ce problème :
- renforcer les réglementations et contrôles sur la vente de biocides en ligne,
- favoriser la collaboration internationale pour surveiller les ventes transfrontalières,
- augmenter la surveillance des plateformes en ligne,
- imposer des sanctions plus sévères aux vendeurs et plateformes non conformes,
- sensibiliser le public aux risques d’achat de produits interdits, encourager le signalement des ventes illégales par les consommateurs.
Rappelons à toutes fins utiles que le règlement biocide de l’Union européenne encadre leur mise sur le marché et le processus d’évaluation inclut l’examen de la substance active. Les biocides sont classés selon leur utilisation. Et les données fournies par les fabricants sont évaluées pour garantir leur conformité aux exigences réglementaires.
Chaque distributeur doit veiller à ce que les biocides respectent les réglementations et disposent des autorisations nécessaires pour garantir leur sécurité et leur efficacité. En informant les utilisateurs, ils contribuent à une utilisation plus sûre et durable de leurs produits.
