Le piège à moucheron est souvent la première ligne de défense contre ce petit nuisible. Mais il ne suffit pas à éradiquer le problème à lui tout seul. Cet insecte, prolifique et tenace, peut rapidement envahir un espace si on ne prend pas des mesures d’hygiène strictes. Dans cet article, nous explorons non seulement l’utilisation des pièges, mais aussi les stratégies d’hygiène et les traitements essentiels pour un contrôle efficace et durable de ces indésirables.
Piège à moucheron : la base
Avant toute chose, sachez que le piégeage n’est pas et n’a jamais été une solution pour contrôler les insectes. C’est une solution de monitoring comme on dit dans notre jargon, ou de surveillance. Il permet d’évaluer la population d’insectes présents dans un environnement donné et la pression qu’ils représentent sur cet environnement. Au-delà d’un certain seuil, il faudra agir avec des solutions curatives. Et le piège à moucheron n’en est pas une.
On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre
Si vous cherchez des astuces pour fabriquer un piège maison, vous êtes au mauvais endroit. On ne va certainement pas vous faire croire ici qu’on attrape les mouches avec du vinaigre et du liquide vaisselle. Ou que vous arriverez à les repousser de votre intérieur avec des plantes, du savon noir, du marc de café, du liège ou autres clous de girofle.
On ne recommande pas non plus l’utilisation non contrôlée des huiles essentielles. Ces extraits de plantes peuvent être toxiques s’ils sont mal utilisés. Et si ces astuces fonctionnaient, la profession de désinsectiseur – le destinataire de cet article – n’existerait pas.
Ici, nous parlons uniquement des méthodes qui fonctionnent.
Le piège à moucheron "classique"
Le commerce regorge de pièges plus ou moins efficaces. Toutes ces solutions sont peu ou prou des pièges à mouches, car le moucheron n’est autre qu’une petite mouche, en quelque sorte. Mais nous y reviendrons dans la suite de cet article !
Les pièges à mouches classiques types Red Top vont bien fonctionner. Mais cet anti moucheron n’est pas fait pour l’intérieur – son esthétique en témoigne.
Il existe des variantes plus ou moins efficaces de ce dispositif. Le fonctionnement est simple et identique pour tous :
- Le piège contient un attractant – le plus souvent alimentaire – qui attire le moucheron.
- L’insecte entre par un entonnoir.
- Il ne pourra plus sortir.
Le piège adhésif, type attrape-mouche
Le traditionnel papier anti moucheron est également efficace.
Les pièges chromatiques sont constitués d’éléments colorés qui attirent les insectes sur des plaques engluées. Ils viennent se poser sur le piège et restent prisonniers de la colle qui le recouvre.
Ils peuvent aussi être attirés par la forme du piège (un serpentin), ou son odeur.
Certains de ces dispositifs ne contiennent aucun attractant. D’autres en contiennent plusieurs, comme les attrape-mouches Silvalure®, une gamme qui combine un attractant visuel et un attractant naturel.
Le DEIV : destructeur électrique d’insectes volants
Les DEIV sont en général une bonne solution pour réduire la population à l’intérieur.
On les trouve :
- avec des grilles électriques, qui comme leur nom l’indique grillent les insectes,
- ou avec des plaques de glu.
Certaines versions de destructeurs électriques d’insectes volants présentent un très joli design pour un usage en bureaux, à domicile, salles de restaurants, commerces...
Il faudra de préférence utiliser des pièges électriques à plaques de glu, car dans une cuisine – c’est-à-dire le plus souvent là où se trouve le moucheron – les grilles électriques des pièges font éclater les insectes et des fragments pourraient se retrouver sur la nourriture.
Les normes et référentiels tels qu’ISO 22000, IFS, BRC, AIB… préconisent évidemment des DEIV à plaques engluées afin d’être en adéquation avec le HACCP (les pros qui lisent sauront de quoi il s’agit).
Les plaques engluées permettent aussi un comptage des insectes, grandement facilité quand elles sont jaunes ou bleues. Parfois ces plaques sont noires, moins pratiques pour compter les captures (noir sur noir), mais plus discrètes visuellement.
Comme nous le disions, le DEIV est le seul piège à moucheron capable de diminuer la présence quotidienne d’adultes mais sans jamais l’éliminer ! Donc si on veut vraiment se débarrasser des moucherons, on revient à l’astuce de base : il faut supprimer les possibilités de développement.
Invasion de moucherons : pourquoi ?
Une chose essentielle à savoir…
Moucheron n’est pas un terme scientifique à proprement parler. Pour les plus calés d’entre vous, ces insectes ne forment pas un groupe phyllogénétique. Tous ne regroupent même pas des caractéristiques particulières...
Le phlébotome est un moucheron. La simulie aussi, tout comme la mouche des fruits qui envahit souvent les cuisines et qui est connue sous le nom de drosophile. Mais curieusement, quand on parle de la drosophile, on parle toujours de mouche et pas de moucheron… On dit bien mouche à fruits et non moucheron à fruits. Ou encore mouche du vinaigre pour Drosophila melanogaster.
En réalité, il n’y a pas une vraie description de ce qu’est un moucheron par rapport à une mouche. Pour la plupart d’entre nous, autrement dit dans le langage courant, un moucheron est juste une petite mouche. Enfin, pas un bébé mouche, mais une mouche de petite taille.
Allez, un peu de science
Les moucherons sont des insectes de l’ordre des Diptères. Selon les espèces, ils appartiennent au sous-ordre des Brachycères ou à celui des Nématocères.
Pour faire simple, la différence est au niveau de la taille des antennes. Pour faire encore plus simple :
- les Brachycères sont des mouches,
- les Nématocères regroupent les moustiques, les tipules et certains moucherons.
Bref, contrairement à la plupart des autres insectes qui possèdent deux paires d’ailes, les Diptères n’ont qu’une seule paire d’ailes fonctionnelles. La deuxième paire d’ailes s’est transformée au cours de l’évolution en de petits organes appelés balanciers qui sont des organes qui servent pour le vol et l’orientation, ce qui permet aux mouches de voler aussi bien.
Ils ont un développement holométabole. Ce joli mot signifie qu’il y a :
- une larve, qui n’a rien à voir avec l’adulte,
- puis une phase nymphale, qu’on appelle la pupe chez les Diptères.
C’est une phase de transformation où certains organes disparaissent et ou d’autres se forment pour donner l’adulte.
Notre secteur professionnel est concerné uniquement par le moucheron dans la maison ou en intérieur (restaurant, boulangerie…). Et vous devez savoir qu’il y en a aussi dans les cultures et les plantes. Mais c’est un autre sujet...
Causes de l’infestation
Les espèces qui nous concernent se trouvent près de la nourriture donc dans les cuisines, les lignes de production en agroalimentaire, en boulangerie, dans les restaurants et les bars… C’est là qu’on va tenter la plupart du temps de mettre un piège à moucheron.
La présence des drosophiles, en particulier est vraiment liée à la fermentation. Il suffit d’un fruit un peu trop mur à la maison et c’est parti ! Mais sa présence peut être liée à de la levure dans une boulangerie, aussi.
En général, les moucherons se reproduisent:
- dans des zones où il y a de l’humidité,
- dans les canalisations,
- de la matière organique en décomposition.
Donc une évacuation d’eau souillée, du pain ou de la farine qui traine dans l’eau et qui fermentent, une zone de déchets humides... Ce sont des endroits parfaits pour le moucheron.
Au passage, certaines études montrent que ces insectes peuvent transmettre des bactéries sur les aliments sur lesquels ils se posent. C’est aussi logique, du reste, étant donné leur milieu de vie.
Se débarrasser des moucherons
Chacun de nos articles mentionne la même chose : la seule astuce qui vaille, c’est la prévention.
Entretien et hygiène de l’intérieur
Mettre un piège à moucheron, c’est bien. Mais ce n’est pas suffisant. Si l’insecte est présent et qu’il pullule dans un intérieur, c’est parce qu’il y a quelque chose qui l’attire et favorise sa prolifération. Des fruits qui pourrissent dans la cuisine, de la matière organique dans les syphons du restaurant…
Pour se débarrasser des moucherons, il faut donc passer par un entretien rigoureux de l’espace intérieur. Les zones humides où des résidus organiques peuvent s’accumuler doivent être particulièrement surveillées.
Voici quelques astuces que vous ou vos clients pourrez mettre en place :
- Les canalisations de cuisine et de salle de bain sont souvent des lieux de ponte pour les moucherons. Un curage régulier des canalisations avec des produits adaptés permettra d’éliminer les dépôts de matières organiques où les larves peuvent se développer.
- Il faut enlever régulièrement les restes alimentaires à l’intérieur des poubelles et sécher tout liquide qui se renverse (eau, vin, bière…). Il ne faut jamais non plus laisser des déchets qui peuvent fermenter à l’air libre : c’est un véritable festin pour les drosophiles.
- Les moucherons adorent les environnements humides. Donc les espaces doivent être bien ventilés, surtout dans les zones comme la cuisine ou la salle de bain. Inutile de préciser qu’il est nécessaire de réparer toute fuite d’eau et de sécher correctement les plans de travail ou évier après avoir fait la vaisselle.
- Les fruits et légumes trop mûrs doivent être consommés rapidement ou stockés correctement. Il vaut mieux ne pas laisser de denrées à l’air libre, surtout par temps chaud (on peut couvrir les fruits, ou les mettre au frigo).
Quand les mesures préventives ne suffisent plus
Si malgré toutes ces précautions, les moucherons continuent de pulluler, il est peut-être temps de passer à l’étape suivante : le traitement insecticide.
Vous pourrez vérifier l’usage des produits sur Biocid, mais l’usage moucherons concerne très peu de produits. Nous l’avons mentionné précédemment, les moucherons ne sont finalement que des petites mouches. Donc les insecticides destinés aux mouches sont tout aussi efficaces contre eux.
Pour une action rapide contre les moucherons adultes, un fumigène type Dobol, un aérosol, ou encore une nébulisation seront efficaces. Ces produits permettent de réduire rapidement la population visible en attaquant les adultes.
Mais les cycles de ces petites bêtes étant très courts, si on ne règle pas la source, c’est à dire le lieu propice au développement des larves, le problème réapparaîtra rapidement.
Donc retour au chapitre précédent… Vous devrez impérativement traiter les lieux où les larves se développent que ce soit :
- une canalisation bouchée,
- des déchets organiques,
- ou une zone d’humidité.
Ces endroits doivent être identifiés et nettoyés en profondeur. Sinon, de nouvelles générations de moucherons apparaitront en quelques jours.
Pour conclure, le piège à moucheron donne l’illusion de réduire les populations. Mais à part le DEIV, la plupart d’entre eux ne servent qu’à faire du monitoring. Même si un traitement insecticide peut offrir une solution rapide pour se débarrasser des moucherons, il ne remplacera jamais une prévention efficace. Pour lutter durablement contre les moucherons, il faut combiner de bonnes pratiques d’hygiène et un traitement ciblé.
Avant de vous laisser, on vous présente quand même quelques espèces qu’on retrouve le plus souvent à la maison :
- Drosophile : dont la Drosophila funebris (il y en a d’autres), environ 7 jours de l’œufs à la pupe, 2 jours de pupe, puis adulte.
- Psycodidae : ce sont des nématocères et pas des brachycères. Le cycle de la mouche des siphons Psychoda alternata dure 1 à 2 semaines.
- Phoridae : on compte énormément d’espèces. Leur développement dure entre 15 jours et un mois.
- Sciaridae : se trouve plutôt dans les serres, mais parfois dans le terreau et du coup dans la maison et sur les plantes du jardin. Le genre Bradysia comprend des espèces ravageuses des serres. Leur développement dure entre 3 et 6 semaines.
La commande de nos produits est réservée aux professionnels.
Utiliser les produits biocides avec précaution. Avant toute utilisation lisez l’étiquette et les informations concernant le produit.