Les moustiques ne sont pas seulement une nuisance. Ils sont aussi des vecteurs de maladies graves. Leur gestion par les professionnels de la lutte antiparasitaire est donc essentielle. Et contrôler leur population avant qu’ils ne deviennent adultes est l’une des meilleures solutions qui soit. Pour cela vous pouvez utiliser un larvicide moustique ou des produits qui atteignent le même objectif. Dans cet article, nous allons explorer les différentes options disponibles, et comment choisir le produit idéal pour protéger vos clients avec un maximum d’efficacité.
Cycle du vie du moustique | EID Méditerranée (DR)
Larvicide moustique : comment ça fonctionne ?
Une définition précise : un produit qui tue les larves de moustiques
À proprement parler, un larvicide moustique est un produit biocide qui élimine les larves avant qu’elles ne se transforment en insectes adultes. Ils empêchent donc la prolifération des moustiques à un stade précoce de leur développement.
Ces produits sont essentiels en lutte antivectorielle, notamment (la lutte contre les vecteurs, enjeu de santé publique).
Le Bti est le larvicide biologique le plus utilisé. Il est spécifique aux larves de moustiques c’est-à-dire qu’il n’affecte pas les autres animaux ou les plantes.
Il existe d’autres substances actives, comme nous le verrons dans la suite de cet article.
Et il existe également d’autres façons de s’attaquer à la larve de moustique dans l’eau :
- des films ultrafins qui se répandre sur la surface de l’eau stagnante
- des pièges anti larve de moustique
Chaque solution est utile et efficace. Et comme souvent, le choix de l’une ou de l’autre dépendra de la situation, et donc de votre diagnostic.
Tuer les larves : une solution hyper stratégique
Lutter contre les moustiques adultes présente, comme chacun sait, plusieurs défis majeurs : ils sont mobiles, faiblement concentrés et donc peu vulnérables…
Ils n’en restent pas moins un enjeu de santé publique car ils sont responsables des piqûres et de la propagation de maladies.
Or les moustiques passent par quatre stades de développement : œuf, larve, nymphe et adulte.
Les œufs sont souvent déposés dans des eaux stagnantes, parfois juste au-dessus.
En effet, Dame Culex (le moustique commun) va pondre ses œufs directement dans l’eau.
En revanche, Dame Aedes (moustique tigre, par exemple) va pondre isolément en un point très proche de l’eau mais pas dans l’eau. Les œufs devront donc attendre d’être submergés pour éclore. Ils peuvent ainsi rester en dormance pendant plusieurs années en attente d’une inondation, comme nous indique l’EID Rhône-Alpes qui nous explique de manière détaillée la vie du moustique.
Bref, toujours est-il que les larvicides moustiques agissent directement dans les eaux stagnantes. Les larves de moustiques y sont nombreuses et en forte concentration. Elles sont donc vulnérables. Ce schéma très clair et utile, que nous empruntons au site protecthome.fr, illustre parfaitement le propos.
Si la larve et la nymphe évoluent dans les eaux stagnantes – parfois les œufs – il faut savoir toutefois que ni les œufs ni les nymphes ne se nourrissent. Et, ça, c’est une information importante à retenir !
Car de ce fait, votre larvicide moustique sera inefficace chez les œufs et les pupes déjà formées.
En définitive, intervenir tôt dans le cycle de vie – au stade larvaire – permet de prévenir la multiplication des moustiques adultes. On empêche les moustiques de proliférer, ce qui réduit à la fois les nuisances et les risques sanitaires.
Tuer les larves de moustiques est d’ailleurs l’option priorisée par les autorités en charge de la lutte antivectorielle. Les traitements adulticides sont, eux, réservés aux interventions ponctuelles autour des foyers de contamination d’un vecteur (le moustique tigre, pour ne pas le nommer).
Comment tuer naturellement les larves de moustiques dans l’eau : avec un larvicide biologique
Si vous cherchez traitement naturel contre larves de moustiques, sachez qu’il vous faudra opter pour un larvicide biologique. On le trouve généralement sous forme de granulés prêts à l’emploi.
Comme tout produit de biocontrôle, ce biocide devra avoir une AMM (Autorisation de mise sur le marché). Mais son impact environnemental reste faible.
Bacillus thuringiensis subsp. Israelensis (Bti)
En France, la substance active insecticide la plus utilisée en lutte antivectorielle est le Bacillus thuringiensis subsp. israelensis (Bti).
Le Bti est une bactérie naturelle qui produit des toxines mortelles pour les larves de moustiques. Lorsque les larves ingèrent ces toxines, leur système digestif est endommagé, et ça les tue.
Le larvicide biologique Bti est spécifique aux larves de moustiques et n’affecte pas les autres animaux ou les plantes.
Bacillus sphaericus : un autre larvicide biologique anti-moustiques
Cette autre bactérie est utilisée et fonctionne de manière similaire au Bti. Moins courant, ce larvicide moustique est habituellement appliqué "par les professionnels directement dans les masses d’eau à traiter par voie aérienne ou terrestre", lit-on dans un avis de l’Anses.
Anti moustique larvicide : les autres substances actives
S-Methoprene
Le S-Methoprene est un larvicide anti moustiques pour eaux stagnantes et bassins. On l’utilise sous forme de comprimés à dissoudre.
Contrairement au larvicide Bti, il agit comme un perturbateur endocrinien en imitant les hormones de croissance des larves de moustiques.
Normalement, ces hormones disparaissent au stade de nymphe pour permettre la transformation en adulte. Le S-Methoprene, en restant présent, bloque cette transformation, ce qui entraine la mort des nymphes.
Il est aussi efficace contre d’autres insectes comme les fourmis, les puces et les mouches.
Pyriproxyfène
Le pyriproxyfène est également un leurre hormonal pour les insectes – il imite l’hormone juvénile. Ce larvicide moustique empêche ainsi la larve de se métamorphoser en adulte et d’atteindre la maturité sexuelle. Il a également une activité ovicide, en affectant la formation de l’embryon lorsque l’œuf y est exposé.
Cependant, son utilisation a conduit à l’apparition de résistances chez certains insectes cibles. Ce produit doit être dosé et appliqué avec prudence en raison de son impact écologique.
Si le pyriproxyfène a été approuvé par l’Union Européenne jusqu’au 31 janvier 2025, il n’a pas pas été autorisé comme insecticide dans certains pays comme l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse.
Concernant la lutte antivectorielle contre les moustiques vecteurs de type Aedes, Anopheles et Culex, un avis de l’Anses du 18 juillet 2023 exprime ceci : "Il est à noter que des produits avec la substance active pyriproxyfène sont autorisés pour des usages LAV contre les moustiques dans un autre État membre et pourraient donc être utilisés sous réserve de la conformité d’une autorisation à l’article 39 du règlement biocide."
Larvicide moustique naturel (sans biocide)
Des produits non biocides existent également pour tuer les larves de moustique dans l’eau.
À base de silicone
Aquatain crée un film ultrafin sur la surface de l’eau stagnante. Ce film à base de silicone constitue un obstacle physique – mécanique – qui aura un effet à la fois sur la larve mais également la pupe (la nymphe).
Rappelons ici que la pupe ne se nourrit pas et que donc votre larvicide moustique n’aura pas d’effet sur elle.
Avec ce film, ni les larves de moustique dans l’eau ni les nymphes ne peuvent respirer. Elles étouffent en moins de cinq jours (efficacité jusqu’à 4 semaines avec une seule application).
Sans silicone
Une alternative sans silicone existe : X-larv.
Ce larvicide moustique naturel est à base d’huile d’origine végétale, donc sans biocide. Son action est physico-chimique. Comme son homologue, il est efficace durant 4 semaines contre tous les stades larvaires. Et il permet de tuer naturellement les larves de moustiques dans l'eau avec 100% de mortalité dans les 5 premiers jours (larves et nymphes).
Piège à moustique anti larves
Une alternative au larvicide moustique Bti ou au film avec ou sans silicone est le piège spécial larves moustiques. Ce type de dispositifs – pièges pondoirs – attirent les femelles pour la ponte.
Très attractifs, ils sont une solution simple, très efficace et économique. En effet, ils concentrent les œufs en un seul endroit, ce qui facilite leur gestion. De plus, ces pièges n’utilisent aucun produit et donc ne sont nocifs ni pour l’homme ni pour les animaux de compagnie.
Mais alors... Comment tuer les larves de moustiques ? Il suffit de vider régulièrement le récipient d’eau, tout simplement.
Choisir le larvicide moustique idéal
Les critères
En choisissant le bon type de produit, vous pourrez lutter contre les moustiques correctement (et protéger la santé publique, ce qui fait de vous des héros J).
Pour choisir le larvicide moustique le plus efficace, vous devrez prendre en compte plusieurs critères.
- Les moustiques ciblés (Culex ou Aedes).
- Leur stade de développement.
- Leur impact environnemental : certains produits sont spécifiquement conçus pour des milieux naturels ou urbains, d’autres seront à utiliser en milieux fermés pour des raisons d’écotoxicité.
- Les AMM : c’est un peu notre cheval de bataille, la régulation des biocides en ligne ; n’achetez pas n’importe quel produit sur internet, par pitié !
Note bene : l’Anses recommande le Bti pour la lutte antivectorielle
Toujours dans l’avis de l’Anses de juillet 2023, on lit ceci : "Parmi les traitements larvicides, l’absence actuelle de résistance au Bti quels que soient le territoire et l’espèce de moustique, ainsi que l’absence de classement de danger permet de le recommander en priorité.
"Il conviendra de se référer aux conditions d’autorisation des produits biocides lors des applications.
Comparaison de produits disponibles sur le marché
Larvicide Bti
- Efficace contre une large gamme de moustiques, au stade larvaire uniquement.
- Généralement efficace pendant plusieurs semaines (l’efficacité de notre Bti atteint 4 semaines car il est en granulés résistants).
- Impact environnemental très faible, n’affecte que les larves de moustiques.
- Adapté pour les jardins, bassins, et autres points d’eau stagnante.
Larvicide à base de Bacillus sphaericus
- Cette bactérie comprend des souches très toxiques contre les larves de moustiques (pas les pupes) des genres Culex et Anopheles mais est très peu toxique contre les larves de la plupart des espèces d’Aedes.
- Durée d’action comparable au Bti.
- Impact environnemental faible car spécifique aux moustiques.
- Utilisable dans des environnements similaires à ceux du Bti.
Larvicide moustique à base de S-méthoprène
- Efficace contre toutes les espèces en empêchant le développement des larves en adultes.
- Longue durée d’action, nécessite moins d’applications fréquentes.
- Impact environnemental : traitements uniquement des points d’eau sans connexion avec le milieu aquatique naturel ou une station d’épuration.
- Appliquer dans les flaques d’eau, les piscines, les bassins artificiels et dans tous les systèmes hydrauliques fermés.
Produits non biocides
- Efficace contre toutes les larves de moustiques, au stade de larves et de nymphes.
- Durée d’action : jusqu’à 4 semaines, avec une action mécanique (film ultrafin avec ou sans silicone).
- Impact environnemental très faible, sans biocides.
- Parfait pour les petits plans d’eau, comme les bassins dans les jardins.
Lors de l’utilisation de tels produits, suivez toujours les instructions du fabricant pour garantir une utilisation en toute sécurité.
La lutte contre les moustiques : vision globale
Le larvicide moustique est prioritaire
Il existe plusieurs méthodes pour lutter contre les moustiques : insecticides, répulsifs, moyens mécaniques (piège moustique) et larvicides.
Les adulticides ciblent les moustiques adultes et sont souvent utilisés en aérosol par le grand public et en pulvérisation par les professionnels. En France, la deltaméthrine est la principale substance active utilisée en lutte antivectorielle.
Les répulsifs, comme les sprays et les crèmes, empêchent les moustiques de piquer.
Les moyens mécaniques (pièges électriques, moustiquaires, vêtements) empêchent les moustiques d’atteindre leur cible, et donc de piquer.
Cependant, ces méthodes offrent une protection temporaire et ne réduisent pas réellement la population de moustiques.
Les traitements larvicides ciblent les larves avant qu’elles ne deviennent des adultes et se présentent donc comme une solution plus durable. Ils sont donc prioritaires pour éviter la prolifération des moustiques. Les traitements adulticides doivent rester ponctuels.
Utilisation raisonnée des insecticides
Les insecticides sont à combiner avec des mesures de lutte non chimiques, telles que :
- destruction des gîtes larvaires,
- poissons larvivores pour les structures de stockage d’eau, si les gîtes sont difficilement suppressibles, fermés et restreints (citernes, sous-bassement de bâtiments, et non en milieu naturel),
- dispositifs de piégeage (piège à femelles gravides ou pièges à femelles en recherche d’hôte),
- produits à action physique (film barrière pour empêcher la ponte des œufs ou le développement de moustiques) ;
- opérations de salubrité publique.
Il est à noter que le décret n° 2019-258 confie aux Agences Régionales de Santé (ARS) la mission de surveiller et d’intervenir autour des nouvelles implantations de moustiques vecteurs et des cas humains d’arboviroses.
Depuis janvier 2020, les ARS sont responsables de la LAV et peuvent désigner des opérateurs pour réaliser des interventions autour des domiciles et des lieux de passage des cas confirmés de dengue, chikungunya et Zika.
Ces interventions incluent la sensibilisation des populations, la suppression ou vidange des gîtes larvaires, le traitement larvicide, et le traitement des adultes à l’aide d’insecticides et de pièges pondoirs létaux.
