Les rats fascinent autant qu’ils inquiètent. Pris individuellement, ce sont des êtres vivants comme les autres. Mais en groupe, ils peuvent devenir une nuisance difficile à gérer. Leur capacité à se regrouper les protège, mais complique leur contrôle. Dries Verdonck a développé la marque Strygoo qui propose des pièges multi captures connectés. Ces outils radicalement innovants permettent de réguler véritablement les populations de rats. Mais ce n’est pas de cela dont nous allons vous parler. Déployés en Belgique, aux Pays-Bas et désormais en France, les Smartraps (c’est-à-dire les pièges Strygoo) collectent des données précises sur les rongeurs : plus de 120.000 captures enregistrées, dont 90% avec photographies. Ces informations offrent une vision inédite du comportement des rats en milieu urbain. On découvre par exemple que ces animaux nocturnes sont actifs aussi bien de jour que de nuit. L’exploitation de ces données permet aux villes et aux professionnels d’adopter des stratégies efficaces, sans poison, pour une dératisation plus durable et mieux ciblée.
Contexte : deux études de cas pour comprendre
Université de Hasselt (Belgique) : des captures de rats grâce aux SmarTraps
Pendant des années, l’université de Hasselt a utilisé du rodonticide et des mesures de prévention intensives pour lutter contre l'animal. Pourtant, la population est restée stable et les signalements de nuisances n’ont pas diminué.
En 2023, l’université a changé de stratégie : elle a retiré les dispositifs contenant des appâts empoisonnés et déployé 6 SmarTraps de manière ciblée sur son campus de 27 hectares. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Entre avril et décembre 2023, les pièges ont permis de capturer 506 rats bruns.
Les analyses des captures et les cartes thermiques générées par les SmarTraps ont révélé trois grandes colonies, situées jusqu’à 300 mètres les unes des autres. Dans la colonie la plus importante 364 individus ont pu être capturés.
Grâce à ces données, l’université a ajusté sa stratégie de dératisation en ciblant les zones de reproduction et les voies de migration, optimisant ainsi son efficacité.
Quartier Moluccan – Capelle-aan-den-Ijssel (Pays-Bas) : une lutte plus efficace et durable
Dans le quartier Moluccan, malgré des interventions régulières et des campagnes d’information, les rats continuaient de proliférer. La dératisation traditionnelle échouait.
Pour inverser la tendance, la municipalité a installé 8 SmarTraps entre mars et octobre 2023. En 8 mois, elles ont capturé 667 rats bruns, ce qui a réduit nettement les nuisances.
L’analyse des données a mis en lumière le fonctionnement des colonies : 269 rats provenaient de la colonie principale, tandis que 42 autres appartenaient à une colonie secondaire située à 828 mètres. Cette dispersion confirme que les rongeurs migrent dès que les conditions deviennent défavorables, souvent à cause du rodonticide.
Selon Michaël Oosterwaal, coordinateur de la lutte contre les nuisibles chez Irado : "En 8 mois, la situation a été maîtrisée. Les données et photos de Strygoo apportent des preuves concrètes. Avec les rodonticides, on ne peut rien mesurer."
Alors comment est-ce possible ?
Présentation rapide du piège connecté Strygoo – SmarTrap
Trop souvent les méthodes classiques échouent. Les pièges mécaniques ou contenant des appâts raticides ne sont pas visités. Même quand ils le sont, l’infestation persiste, ou recommence. Le piège Strygoo est un piège connecté avec une technologie intelligente. Mais mieux que cela, il se base sur le comportement de l'animal : l’un des plus grands défis pour gérer Rattus norvegicus.
Un fonctionnement unique basé sur la donnée
Avant toute chose tu places un appât dans le piège en mode détection, à ce stade pas de capture. Et de cette manière les rats s’habituent à la présence du piège. De ton côté, tu suis son niveau de consommation en temps réel.
Un algorithme analyse les comportements des rats détectés. Il est paramétré pour optimiser :
- l’emplacement des captures,
En effet, l’algorithme va pouvoir te dire quand tu peux activer le piège à rat à distance sans éveiller ni la méfiance ni le stress chez l'animal.
Un impact mesurable sur la réduction des populations de rats
Les résultats obtenus sont sans appel. Tu constateras que leur efficacité ne se limite pas à des captures ponctuelles. Les pièges permettent de véritablement réduire la population de rats sur le long terme.
Parce que Strygoo te fournit une cartographie précise des colonies de rats et de leurs déplacements. Cette cartographie permet d’ajuster tes actions en fonction de l’évolution réelle de la population plutôt que de déclencher des captures au hasard.
Pourquoi ? Parce que les données collectées par les SmartTraps te permettent d’identifier les points stratégiques où les rongeurs se regroupent.
Tu vas donc pouvoir cibler ces colonies principales, et stopper la prolifération avant qu’elle ne devienne incontrôlable.
C’est avec cette méthode que plusieurs villes ont pu enfin constater une réduction massive des nuisances en moins de 2 ans, sans avoir recours aux rodonticides qui avaient montré leurs limites.
Mais, on te parle de colonies principales ? Qu’est-ce que ça veut dire, exactement ? Eh bien reste avec nous et lis la suite.
Analyse du comportement des colonies de rats
Les rats ne vivent pas de manière isolée : ils forment des colonies structurées, avec des dynamiques complexes influencées par leur environnement. Mieux comprendre leur comportement permet d’adopter des stratégies de lutte plus efficaces et de limiter leur expansion.
Grâce aux 120.000 captures enregistrées en 3 ans dans plus de 100 villes et 3 pays, Strygoo a constitué une énorme base de données – sûrement la plus grande à ce jour – sur les rats en milieu urbain. Ces données apportent un regard nouveau sur les comportements du rongeur… et permettent du coup d’optimiser les stratégies de lutte.
La migration des rats : un problème qu’on sous-estime
Les rats bruns (Rattus norvegicus) vivent en colonies organisées autour de groupes sociaux hiérarchisés. Chaque colonie occupe un territoire stable, souvent situé dans des endroits sécurisés comme les caves, les égouts ou les bâtiments abandonnés.
À l'intérieur de cette colonie, une hiérarchie sociale s'établit, avec des individus dominants qui contrôlent l'accès aux ressources. Les individus dominés ont un accès plus restreint à la nourriture, étant contraints de se nourrir sur des sites plus exposés aux dangers et à des horaires moins sécurisés, généralement en dehors des périodes d’activité des dominants.
Lorsque leur habitat est perturbé par un manque de nourriture, un empoisonnement ou une menace extérieure, certains individus adoptent une stratégie de dispersion. Ils peuvent migrer vers de nouveaux territoires, formant ainsi de nouvelles colonies qui peuvent être plus difficiles à identifier ou à éliminer. Des colonies satellites, en quelques sortes.
Le stress fait évidemment réagir la colonie
Les rats utilisent leur odorat pour identifier les membres de leur colonie, repérer les lieux sûrs et éviter les dangers. C’est pour cette raison que les pièges classiques deviennent souvent inefficaces après quelques captures : l'animal évite la zone et modifie son itinéraire.
En effet, lorsqu’un rat est stressé, il libère des phéromones d’alerte qui signalent un danger aux autres. C’est notamment le cas s’il met du temps à mourir, comme sur une plaque de glu par exemple.
De plus, les odeurs que le cadavre dégage sont loin d’être attractives pour les congénères…
C’est pourquoi la SmarTrap intègre un système de conservation rapide des cadavres, permettant d’éviter la dispersion des odeurs négatives et de préserver l’environnement olfactif de la colonie.
En réponse à d’autres stress, dont le manque de nourriture quand la colonie grandit, les besoins sont trop importants et les rongeurs vont migrer pour trouver d’autres sources. De nouvelles colonies se forment alors, augmentant encore plus la population globale.
Si on arrive à cibler des individus au sein de leur colonie principale, on peut éviter cette dispersion et éliminer de façon progressive les populations sans provoquer de migrations massives.
Une adaptation surprenante : des rats plus actifs le jour que la nuit
Le rat est un mammifère nocturne. Mais les 120.000 captures enregistrées par Strygoo montrent une réalité inattendue :
Notons que s’il y a beaucoup d’activité le jour, c’est souvent le fait d’individus qui ne peuvent pas accéder à la nourriture la nuit. Ces données permettent de dire qu’une population est très importantes si de nombreux individus se nourrissent le jour.
Dans l’interprétation de ces données, il faut aussi prendre en considération le contexte où sont placés les pièges. On peut notamment se demander s’il y a de l’activité la nuit dans ces zones ou pas.
L’impact des saisons sur l’activité des rats
Les données collectées le confirment : les rongeurs sont nettement plus actifs en été qu’en hiver.
36 % des captures ont lieu en été (juin-juillet-août), contre seulement 14 % en hiver (décembre-janvier-février).
Cette variation n’est pas uniquement liée à la température, mais plutôt à la disponibilité de la nourriture. Les rats régulent naturellement leur population : lorsqu’il y a plus de nourriture, il y a plus de naissances. Une donnée très intéressante, quand on sait que ton activité de "dératiseur" est globalement plus importante l’hiver.
Nombre de capture par mois
L’inefficacité des rodonticides
Dries Verdonck explique que chaque année, la Belgique utilise 600 tonnes de rodonticides pour lutter contre les rats. Et que pourtant, les nuisances persistent.
Or les rats deviennent plus résistants et méfiants face aux solutions de lutte classiques.
D’autre part, les rodonticides ne s’attaquent pas à la structure des colonies : ils éliminent quelques individus, mais ne stoppent pas la reproduction ni la migration des survivants.
Cette fuite entraîne la formation de nouvelles colonies, souvent plus difficiles à localiser et à contrôler. Ce phénomène explique pourquoi certaines villes, après des années de traitement au poison, doivent multiplier les interventions sans jamais réussir à se débarrasser des rats durablement.
Si le stress provoqué par les produits raticides est assez faible (les rongeurs meurent plusieurs jours après l’ingestion), l’échec de la lutte par rodonticide peut avoir lieu en raison du stress qui intervient sous différentes formes.
Les individus dominants ne consomment pas les rodonticides et continuent de se reproduire. De plus, l’écosystème est perturbé avec l’empoisonnement des prédateurs naturels des rats (rapaces, renards, etc.).
Les résultats de Strygoo et les études scientifiques récentes montrent que l’usage des rodonticides apporte une solution mais que celle-ci n’est pas durable. Elle peut même dans certains cas aggraver le problème.
Vers une approche plus éclairée de la lutte contre les rats
La lutte contre les rats ne peut donc pas se limiter à une simple application de raticides ou de pièges traditionnels.
Avec les données collectées par Strygoo et cette nouvelle vision plus précise du comportement des rats, des stratégies plus efficaces sont désormais possibles, ce qui n’a jamais été le cas avec aucun autre piège connecté auparavant.
Les rats évoluent en fonction des conditions urbaines : disponibilité de la nourriture, fréquentation humaine, température. Piéger uniquement la nuit ne suffit pas non plus. Tu dois donc ajuster tes horaires d’intervention pour maximiser l’efficacité de tes captures.
Si tu combines une analyse fine des données et que tu cibles tes interventions, les villes avec lesquelles tu travailles vont enfin pouvoir prendre le contrôle de la situation plutôt que de subir les infestations de rats.
