Les Pyemotes sont des acariens microscopiques qui parasitent les insectes, notamment les vrillettes et autres coléoptères xylophages. Bien que ces parasites ne soient pas directement des nuisibles pour l’homme, leur piqure peut causer des réactions cutanées parfois impressionnantes. Dans cet article, nous allons expliquer pourquoi un diagnostic précis est difficile à établir pour un professionnel de la désinsectisation. Vous apprendrez à reconnaitre les piqures de Pyemotes. Et vous saurez quels traitements utiliser pour résoudre l’infestation.
Qu’est-ce qui pique et qu’on ne voit pas dans la maison ?
Pyemotes : l’acarien invisible responsable des piqures
Le Pyemotes est minuscule. Cet acarien invisible à l’œil nu mesure environ 350 microns. Il parasite les insectes, en particulier les coléoptères, et non l’homme.
Cependant, lorsqu’il pique occasionnellement l’être humain, il injecte une salive toxique. Cela va causer une dermatite avec des lésions caractéristiques en "signe de la comète", souvent multiples.
Ces lésions linéaires sont désormais considérées comme typiques de la dermatite à Pyemotes, une acariose probablement sous-estimée, souligne Dr Pascal Delaunay, entomologiste médical, au laboratoire de parasitologie du CHU de Nice.
Les femelles venimeuses sont responsables des piqures sur les humains, qui se manifestent principalement sur les zones couvertes du corps.
Tous les individus exposés réagissent au venin, qui provoque des démangeaisons importantes, indique le Dr Jean-Michel Berenger, entomologiste médical, à l’IHU Méditerranée Infection. Il ajoute que toutes les lésions n’apparaissent pas systématiquement en comète.
Piqure en comète Pyemotes
Pyemotes ventricosus : l’espèce problématique
En 2005, un premier cas a été signalé à Fréjus-Saint Raphaël, présentant ces fameuses lésions typiques en comète. L’année suivante, plus de 20 cas similaires ont été recensés dans la région, touchant principalement des touristes arrivant dans des maisons fermées une partie de l’année.
Le responsable a été identifié dans la poussière de bois. Il s’agissait de Pyemotes ventricosus, un parasite d’Anobium punctatum, des insectes xylophages qu’on appelle aussi Petites vrillettes.
Depuis, d’autres cas ont été rapportés dans l’ensemble du bassin méditerranéen.
Ces parasites se développent dans des environnements chauds, dépassant 25°C, et ne sont pas actifs en hiver. Les femelles des Pyemotes jouent un rôle central dans la reproduction. Elles portent les œufs qui éclosent à l’intérieur de leur corps, libérant directement de jeunes acariens. Les mâles s’accouplent immédiatement après l’émergence des femelles, ce qui permet une très rapide prolifération.
Les parasites se propagent ainsi dans le logement en se fixant sur le mobilier, les vêtements et les animaux domestiques. Ils peuvent aussi être transportés par l’air.
Pyemotes : les piqures
Comment reconnaitre un piqure de Pyemotes ?
Les piqures de Pyemotes sont indolores sur le moment. Les symptômes n’apparaissent qu’environ 6 à 8 heures après l’exposition. Cet effet rend le diagnostic difficile.
Il est d’ailleurs facile de confondre les lésions cutanées avec celles d’autres parasites, notamment les punaises de lit, surtout qu’on ne retrouve pas d’insectes visibles dans le logement.
Des démangeaisons intenses apparaissent accompagnées de rougeurs.
Ces cas se présentent généralement :
- dans une région chaude (au moins 25°C),
- pendant ou après un séjour dans une maison fermée ou peu ventilée,
- et souvent dans un logement qui contient des boiseries, qui sont probablement infestées par des parasites (vrillettes) sans qu’on le sache.
Description des piqures de Pyemotes
Elles provoquent une dermatite prurigineuse, qui se manifestent par des rougeurs et des boutons.
L’une des caractéristiques distinctives de ces piqures est la formation d’une lésion linéaire, appelée "signe de la comète". Ce motif est fréquemment observé – mais pas toujours – chez les personnes piquées.
Les boutons, souvent multiples, peuvent apparaître sur différentes zones du corps, entraînant une gêne et des démangeaisons persistantes.
"Un indicateur fort qu’il ne s’agit pas de piqures de punaise de lit est qu’elles apparaissent sur des parties couvertes du corps", insiste le Dr Jean-Michel Berenger.
Différences entre boutons de Pyemotes et punaises de lit
Car oui, il est facile de confondre les boutons de Pyemotes et ceux des punaises de lit, malgré des différences notables.
Les punaises de lit, souvent présentes dans les lieux à forte concentration humaine comme les hôtels ou les hôpitaux. On lit fréquemment leurs morsures sont indolores grâce à un anesthésiant dans leur salive. Or cela n’a jamais été prouvé, selon Jean-Michel Berenger.
Par contre, ces nuisibles piquent généralement les parties découvertes du corps (bras, jambes, visage). Les morsures sont asymptomatiques dans environ 30% des cas. Lorsqu’elles occasionnent des manifestations cutanées, elles forment des regroupements ou des lignes caractéristiques.
En effet, la punaise de lit fait un repas de sang en plusieurs étapes et pique plusieurs fois pendant quatre à dix minutes. On constate des réactions variables, allant de simples boutons prurigineux à des vésicules ou des éruptions plus sévères.
Pyemotes : photos des boutons
Piqures multiples sous les vêtements
Photo de piqures de Pyemotes sur le bras
Comment soigner des piqures de comètes à Pyemotes
Il s’agit d’une dermatite transitoire et généralement bénigne. Elle se traite avec des antihistaminiques et des corticoïdes topiques.
Ces acariens ne transmettent pas de maladies et donc n’impactent en rien la santé de l’homme. L’acariose disparait en quelques jours, dès que le contact avec l’environnement infesté cesse. Attention toutefois si les personnes sont sensibles ou allergiques aux acariens.
Comment se débarrasser des Pyemotes ?
Où se cachent les Pyemotes ?
La présence de ces parasites n’est absolument pas une question d’hygiène. Pyemotes ventricosus vit aux dépens d’autres insectes et son hôte favori est la vrillette qui parasite le bois. Donc on va le trouver principalement dans des éléments en bois tels que les meubles anciens, la literie, et même le bois de chauffage entreposé à l’intérieur.
Pyemotes vu au microscope
"Il est rare de poser un diagnostic de certitude car il nécessite l’identification de l’acarien sur ce matériel au moyen d’outils appropriés, d’où probablement le peu de cas rapportés" lit-on dans la Revue médicale suisse.
Pour détecter les Pyemotes, il faut examiner les zones sensibles du logement, notamment les boiseries présentant des trous ou de la sciure, indique Jean-Michel Berenger. On peut utiliser du scotch afin de capturer ces acariens et confirmer leur présence à l’aide d’un microscope, ajoute-t-il.
Pyemotes : femelle gravide
Pyemotes : traitement de l’infestation
Bon nombre de fois, le Dr Jean-Michel Berenger a constaté l’inefficacité des insecticides. "Le professionnel de la désinsectisation ne sait pas exactement ce qui se passe, les clients appellent généralement pour une infestation de punaises de lit et il peut être tenté de résoudre le problème avec un fumigène", explique-t-il dans la conférence sur le sujet qu’il a donnée à l’IHU Méditerranée-Infection et qui est disponible sur YouTube.
S’il fait cela, il va tuer toutes les vrillettes certes, mais pas les larves de Pyemotes. "Ça va aller mieux pendant un jour ou deux, continue-t-il, mais les larves qui sont en train de creuser au fond du trou ne seront pas atteintes par l’insecticide qui ne pénètre pas si profondément." Et plusieurs jours après, la dermatite recommence. La désinsectisation n’aura servi à rien.
Comment éliminer les acariens Pyemotes dans une maison ?
Contre les Pyemotes, un traitement naturel du mobilier à la cire d’abeille est suffisant, selon lui. En effet, pour se débarrasser des Pyemotes, il faut se débarrasser de leur hôte : Anobium punctatum, la vrillette. Et cela suppose évidemment de poser un diagnostic précis.
La cire d’abeille, utilisée depuis des siècles, est efficace et sans danger, rappelle le Dr Berenger qui ajoute pour sa part du pyrèthre végétal, un insecticide dit "naturel", pour renforcer son action.
Vous pouvez aussi utiliser des insecticides spécifiques aux traitements du bois et des insectes xylophages comme le xylophène.
Pour prévenir une nouvelle infestation, il est essentiel de pratiquer un contrôle régulier des meubles.
Il faut bien sûr éviter de stocker du bois de chauffage à l’intérieur, car il peut introduire des insectes nuisibles.
Toutes les photos de cet article de blog ont pour crédit : ©Jean-Michel Berenger