Éradication du rat noir sur l’Îlet Chancel : conservation de la biodiversité

L’Îlet Chancel en Martinique se dresse comme un cas exemplaire en matière d’éradication des rats noirs, un défi majeur pour les professionnels de la dératisation. Cet article explore le projet novateur mené sur ce site, où la préservation de la biodiversité fragile s’allie à des techniques d’éradication avant-gardistes. Découvrez comment l’application stratégique de méthodes innovantes et de mesures de biosécurité rigoureuses a conduit à une éradication des rats remarquable. Un récit instructif pour tout professionnel visant l’excellence dans le domaine de la gestion des nuisibles. 

Ilet Chancel vu depuis Pointe Savane  Ilet Chancel vu depuis Pointe Savane | ©Help SARL

Dératisation insulaire : les impacts du rat noir sur la biodiversité de l’Îlet Chancel

Éradiquer les rats pour préserver les espèces endémiques

Les EEE (Espèces exotiques envahissantes) introduites accidentellement sur les îles, dont les différentes espèces de rat, peuvent avoir un impact non négligeable sur les espèces animales autochtones notamment sur les oiseaux terrestres et marins, les reptiles et autres micromammifères (Pascal, 2007, p. 140-141, Dutouquet, 2008, p. 14-15).

Comme l’a récemment mis en avant l’IPBES dans son dernier rapport sur la biodiversité, les EEE sont considérées comme étant l’une des 5 principales causes de perte de biodiversité après la destruction des habitats. Les rats (rat noir, rat du Pacifique et rat surmulot) sont considérés comme étant les espèces introduites ayant le plus fort impact sur les écosystèmes insulaires.

En effet, ces derniers abritent des espèces animales et végétales peu diversifiées, ils sont caractérisés par une chaîne alimentaire courte, généralement dépourvue de prédateurs et présentent un fort taux d’endémisme. Ils sont donc particulièrement vulnérables à l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (Pascal, Chapuis, 2000, p. 89). 

L’iguane des Petites Antilles menacé par le rat noir

La Martinique abrite une biodiversité exceptionnelle et riche qui lui revêt un rôle important en matière de conservation mais également de valorisation de cette dernière. L’iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima) est classé en danger critique d’extinction au niveau mondial et local par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

L’île n’accueille plus que deux populations d’iguane des Petites Antilles : la plus importante population est celle de l’Îlet Chancel tandis qu’une autre population cohabite avec l’iguane commun dans les forêts du Nord Martinique.

Les dernières études réalisées sur l’Îlet Chancel laissent penser que cette population avoisinerait le millier d’individus  mais elle subit de nombreuses dégradations du fait de la destruction de leur habitat et de la présence de rats noirs qui prédatent les œufs d’iguane.

Iguane des Petites Antilles sur l’îlet Chancel Iguane des Petites Antilles sur l’îlet Chancel | ©HELP Sarl

C’est pourquoi, l’ONF Martinique (Legouez, 2010) a élaboré un projet d’éradication durable du rat noir de l’îlet Chancel. Elle a mandaté HELP Sarl, entreprise spécialisée en éradication de mammifères invasifs sur les îles, pour mettre en place cette opération. 

Stratégies et techniques d’éradication des rats sur l’Îlet Chancel

Protocole HELP Sarl : brodifacoum, suivi infrarouge et surveillance

Celle-ci a été menée du 14/02/2023 au 31/03/2023. Elle s’est basée sur le protocole développé par HELP Sarl  en partenariat avec l’INRAE de Rennes. Il s’agit en l’occurrence de la mise en place et le contrôle régulier d’un dispositif d’appâtage sécurisé et géoréférencé abritant de la pâte et/ou du blé enrobé de brodifacoum dosée à 29 ppm.

Le contrôle consiste à évaluer la consommation d’appât et à identifier les différents indices de présence dans et autour des postes d’appâtage (crottes, empreintes, trace d’incisive dans l’appât, garde-manger…).

La population est totalement éradiquée lorsque plus aucune consommation n’est enregistrée durant 5 jours consécutifs.

En complément du contrôle quotidien des postes d’appâtage réalisé par des agents expérimentés, un suivi par caméra infrarouge a été effectué tout au long de l’opération avec un lot de 33 caméras.

Ce double dispositif permet de :

  • valider la présence/absence de l’espèce cible (ici le rat noir) sur le site,
  • déterminer l’auteur des consommations d’appât (rat noir, souris domestique, oiseau…),
  • suivre l’évolution spatiale et temporelle des consommations d’appâts tout au long de l’opération,
  • détecter l’éventuel impact du dispositif sur des espèces non-cibles.

En fin d’opération d’éradication des rats noirs, un dispositif de biosécurité est mis en place sur les secteurs présentant un risque de réinfestation : port, cale d’accès, plage, zone de bivouac, secteur de pêche…

Il doit être contrôlé régulièrement à raison de 9 fois / an la première année. Si aucune consommation d’appât n’est constatée durant l’année suivant l’éradication alors cette dernière est considérée comme réussie. Le dispositif de biosécurité doit ensuite être contrôlé sur le long terme à raison de 4 fois par an. 

Dératisation de l’île : le protocole HELP Sarl en action

1335 postes d’appâtage ont été déployés pour procéder à l’éradication du rat noir de l’Îlet Chancel. L’ensemble des milieux a été couvert par le dispositif d’appâtage selon un maillage de 25-30 mètres réduit à 10 mètres en moyenne en zones anthropisées.

Cartographie du dispositif d’appâtage déployé sur l’îlet Chancel Cartographie du dispositif d’appâtage déployé sur l’îlet Chancel | ©HELP Sarl, Cartographie : F. Boucher

Un relevé GPS de chaque poste et un contrôle régulier des consommations ont permis de :

  • suivre l’évolution des consommations d’appât pour chaque poste d’appâtage,
  • dresser des cartes de répartition spatiale des consommations et donc indirectement des populations de rats,
  • suivre l’évolution diachronique de la répartition spatiale des consommations au fur et à mesure de l’avancement de l’opération.

3662,5 appâts ont été consommés par le rat noir sur l’Îlet Chancel dont 89 % lors du premier contrôle. À partir du 4ème contrôle, les consommations sont relictuelles sur l’ensemble de l’îlet puis sont nulles du 6ème  au 11ème relevé.

Une consommation massive d’appâts par le rongeur dès le début de l’opération traduit une acceptation généralisée de l’appât par la population de rats. La courbe illustrant l’évolution des consommations d’appât montre que les rongeurs l’ont, dès les premiers jours, consommé massivement. Cette nouvelle ressource alimentaire est largement convoitée par l’ensemble de la population à en croire le suivi réalisé par caméra infrarouge.

Courbe relative au nombre d’appâts consommés par contrôle sur l’îlet ChancelCourbe relative au nombre d’appâts consommés par contrôle sur l’îlet Chancel | ©HELP Sarl

D’une part, sur 680 vidéos de rat enregistrées tout au long de la mission, plus de 99 % d’entre elles l’ont été sur les dix premiers jours d’opération. Après cette période, on note une baisse drastique de vidéos de rat et donc indirectement de la densité de rat sur l’ensemble de l’îlet.

D’autre part, les vidéos enregistrées mettent souvent en scène plusieurs rongeurs qui consomment l’appât au sein du même poste d’appâtage ce qui témoigne de l’acceptation de l’appât par l’ensemble de la population de rats.

Deux individus de rat noir en train de se partager l’appât au sein du même poste d’appâtage sur l’îlet Chancel | ©HELP Sarl

Deux individus de rat noir en train de se partager l’appât au sein du même poste d’appâtage sur l’îlet Chancel | ©HELP Sarl

La carte illustrant la répartition spatiale des consommations cumulées d’appâts, montre que le rongeur affectionne particulièrement les milieux arbustifs et forestiers y compris ceux de la frange littorale comme la mangrove.

Le rat noir, qui adopte un caractère arboricole et un régime alimentaire à tendance végétarienne, trouve à la fois refuge et nourriture dans ce type de milieu. Naturellement, les secteurs découverts comme les nombreux pierriers arborant la plupart des pointes et certains versants ou la roche mère dépourvue de sol et de végétation, sont plutôt délaissés par le muridé car ils ne lui offrent aucun abri ni nourriture. 

Consommation cumulée d’appâts sur l’îlet ChancelConsommation cumulée d’appâts sur l’îlet Chancel | ©HELP Sarl, cartographie : F. Boucher

Mesures de biosécurité et prévention de réinfestation

En fin de l’opération d’éradication du rat noir, un dispositif de biosécurité composé de 268 postes anti-réinfestation a été mis en place en différents points stratégiques de l’Îlet Chancel.

La répartition du dispositif s’est basée sur un recensement des zones sensibles abritant des activités humaines, qui a été réalisé par nos soins tout au long de la mission. En effet, l’îlet Chancel fait l’objet d’une fréquentation humaine liée principalement à des activités de loisirs (découverte des iguanes aux ruines assuré par des transporteurs nautiques, balade en kayak, visite touristique sur la partie terrestre de l’île, capture de crabes terrestres dans les mangroves, pêche à la ligne nocturne…). Pour rejoindre l’île, ces visiteurs utilisent différents types d’embarcation : kayak, bateau de transport de passagers privé, yole de pêche...

En fonction du type d’activité pratiquée et du type d’embarcation utilisée, un risque de réinfestation peut exister. S’il paraît peu probable qu’un rat débarque d’une vedette touristique ou d’un kayak, il n’en est pas de même pour les petites embarcations destinées aux activités de pêche (pêche à la ligne, capture de crabes dans les mangroves). Les navires transportent souvent des appâts qui servent à la pêche et qui peuvent être convoités par le rongeur (restes de poisson et de coquillage, noix de coco) et des appareils de pêche qui peuvent lui servir d’abri (nasse, filet, casier, piège artisanal à crabe).

Un contrôle régulier de celui-ci sera effectué par les agents de l’ONF Martinique. Étant donné la forte fréquentation du pourtour de l’îlet, occasionnant de nombreux débarquements liés à diverses activités récréatives, cette veille est primordiale pour éviter la recolonisation de l’îlet Chancel par le rongeur et pérenniser l’opération d’éradication du rat noir.

Dispositif de biosécurité mis en place sur l’îlet Chancel en fin d’opérationDispositif de biosécurité mis en place sur l’îlet Chancel en fin d’opération | ©HELP Sarl, cartographie : F. Boucher

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