Mites alimentaires : quel danger et quelles solutions ?

Les mites alimentaires sont ce qu’on appelle des insectes des denrées stockées. C’est une menace pour les particuliers mais aussi et surtout pour les professionnels de l’agroalimentaire, de la restauration et du stockage. Invisibles aux premiers stades, elles prolifèrent dans les céréales, les farines, les fruits secs et autres marchandises. Mais leur nuisance ne s’arrête pas là : développement de moisissures, présence de spécimens dans la nourriture, contamination croisée… Les infestations peuvent entraîner des pertes économiques importantes et des risques sanitaires. Comprendre le danger des mites alimentaires, c’est anticiper les conséquences d’une infestation et mesurer l’impact sur la sécurité alimentaire et la réputation d’un établissement.

Plodia interpunctella et larvePlodia interpunctella

Distinguer les insectes des denrées stockées

Il existe plusieurs types de nuisibles affectant les aliments. Parmi les espèces les plus répandues, on trouve notamment Plodia interpunctella et Ephestia kuehniella, qui sont des mites alimentaires.

Les mites alimentaires sont des lépidoptères (papillons). Le danger des mites alimentaires c’est que leurs larves se nourrissent des farines, céréales, fruits secs et autres produits destinés à la consommation. Elles laissent des fils de soie, formant des agglomérats dans la nourriture infestée.

Les autres ravageurs des denrées stockées sont souvent des coléoptères (charançons, vrillettes, silvains). Certains attaquent les grains entiers (ravageurs primaires), d’autres préfèrent les aliments déjà transformés (ravageurs secondaires). 

Les ravageurs primaires

Ils attaquent directement des grains sains et entiers. On les rencontre rarement dans les industries de transformation secondaire mais ils peuvent causer des pertes importantes dans les silos et les stocks de matières premières.

Parmi eux, on retrouve :

  • Charançon des grains (Sitophilus granarius),
  • Charançon du maïs (S. zeamais),
  • Capucin des grains (Rhyzopertha dominica),
  • Charançon du riz (S. oryzae).
  • Alucite des céréales (Sitotroga cerealella)
  • Les bruches (Bruchus sp.) 

Les ravageurs secondaires

Ces espèces sont plus courantes en industrie agroalimentaire car elles attaquent des grains semi-transformés comme la farine, les biscuits ou les fruits secs ou déjà abîmés par un ravageur primaire. C’est important car si on trouve des ravageurs secondaires dans du blé par exemple, c’est qu’il a déjà été dégradé par un autre ravageur, insecte ou champignon, et qu’il n’est déjà plus sain. 

Les principales espèces sont :

  • Pyrale de la farine (Pyralis farinalis),
  • Teigne des fruits secs (Plodia interpunctella),
  • Vrillette du pain (Stegobium paniceum),
  • Silvain (Oryzaephilus surinamensis),
  • Cucujide roux (Cryptolestes ferrugineus),
  • Carpophile du pruneau (Carpophilus hemipterus),
  • Mite de la farine (Ephestia kuehniella),
  • le tribolium rouge de la farine (Tribolium castaneum
  • le tribolium brun de la farine (Tribolium confusum).

Ephestia kuehniellaEphestia kuehniella

Les insectes opportunistes

Ce troisième groupe regroupe les insectes présents dans l’environnement industriel, qui ne s’attaquent pas directement aux stocks mais peuvent poser problème. Ce sont souvent des diptères (mouches) ou des hyménoptères (guêpes parasites). Ce ne sont pas des ravageurs, mais ce sont des auxiliaires de lutte. Leurs larves se nourrissent des œufs ou des larves des ravageurs.

Il s’agit notamment de :

  • Prédateurs naturels des ravageurs (ex. certaines espèces de coléoptères),
  • Parasitoïdes qui pondent dans la larve des ravageurs,
  • Insectes attirés par les moisissures, qui peuvent signaler un problème d’humidité dans les stocks.
  • Les insectes qui sont là pour diverses raisons : il fait chaud, il y a de la lumière… 

Il faut donc identifier correctement l’espèce nuisible pour appliquer la bonne stratégie de lutte et éviter des infestations à répétition. 

Espèces les plus courantes en industrie agroalimentaire : Plodia et Ephestia

Plodia interpunctella (pyrale indienne des fruits secs) est un petit papillon aux ailes antérieures bicolores, la moitié basale est blanchâtre et la moitié apicale rougeâtres avec des motifs cuivrés, tandis que les ailes postérieures sont grisâtres. Sa larve, de couleur blanchâtre à jaunâtre, mesure environ 12 mm à maturité. Le danger de ces mites alimentaires réside dans leur capacité à infester une large gamme de produits stockés, tels que les fruits secs, les céréales, les farines, les pâtes, le chocolat et même les aliments pour animaux.

Ephestia kuehniella (pyrale de la farine) présente des ailes antérieures grisâtres ornées de points noirs, et des ailes postérieures blanchâtres. Sa larve, de couleur blanchâtre, atteint environ 15 mm à maturité. Elle s’attaque principalement à la farine, aux grains de céréales (blé, maïs, riz), à la semoule, aux flocons d’avoine, au muesli, aux biscuits, aux pâtes alimentaires et parfois au chocolat. Elle est capable de percer des emballages fins. 

Mites alimentaires : biologie et écologie

Quelle est la durée de vie des mites alimentaires ?

Le cycle de vie des mites alimentaires comprend plusieurs stades : œuf, larve, nymphe (ou chrysalide) et adulte. La durée totale du cycle dépend des conditions environnementales, notamment de la température et de l’humidité.

En général, le cycle complet – des œufs aux adultes – peut durer de 1 à 3 mois. Les adultes vivent généralement entre 1 et 2 semaines.

Est-ce que les mites alimentaires font des asticots ? Les mites alimentaires passent par un stade larvaire qui peut ressembler à de petits asticots. Cependant, il s’agit en réalité de chenilles, car les mites sont des lépidoptères (papillons), et non des diptères comme les mouches, dont les larves sont appelées asticots.

La femelle pond entre 100 et 400 œufs directement sur les stocks. Les œufs éclosent en quelques jours.

La larves se développe alors par mues successives pendant plusieurs semaines en se nourrissant des lots infestés. C’est principalement là que réside le danger des mites alimentaires. Elles tissent des tunnels de soie dans la nourriture, ce qui provoque des agglomérats de particules alimentaires.

Après la phase larvaire, les individus se nymphosent dans des cocons soyeux, et le stade nymphal dure entre 6 à 30 jours en fonction de la température. C’est ce qu’on appelle la nymphose.

Les papillons adultes émergent, prêts à se reproduire. Leur durée de vie est généralement courte (1 à 2 semaines).

Conditions favorisant leur prolifération

Des températures comprises entre 20 et 30 °C sont idéales pour le développement rapide des larves. Des températures plus élevées accélèrent le cycle de vie, et augmente ainsi le nombre de générations par an.

Dans les conditions idéales, en 28 jours, une population de Plodia interpunctella est multipliée par 25 et une population d’Ephestia kuehniella par 50.

Les environnements humides sont propices aux infestations car l’humidité favorise la survie et le développement des œufs et des larves.

Évidemment la disponibilité de nourriture, en particulier celles riche en amidon et en sucres, offre une source alimentaire abondante. Par conséquent un manque de propreté dans les zones de stockage et de transformation, ou simplement les placards de cuisine, avec la présence de résidus alimentaires, de poussières de farine ou de grains éclatés, crée des conditions idéales pour la ponte des œufs et le développement des larves.

Les emballages non hermétiques ou facilement perforables permettent aux mites d’accéder à la nourriture et d’y pondre leurs œufs.

Plodia interpunctella dans riz

Les dangers liés aux mites alimentaires

Les mites alimentaires ne sont pas seulement une nuisance, elles posent de réels problèmes en matière de sécurité alimentaire et de gestion des stocks. Dans l’industrie agroalimentaire, leur présence peut entraîner des contaminations, des pertes financières et des répercussions légales. Ignorer le danger des mites alimentaires, c’est s’exposer à des conséquences qui peuvent rapidement devenir incontrôlables.

Contamination des aliments

Les larves de mites alimentaires se nourrissent directement des stocks alimentaires, perforent les emballages et laissent derrière elles des excréments, des cocons et des fils de soie. Ces résidus dégradent la qualité des aliments et peuvent favoriser le développement de moisissures et de bactéries.

Beaucoup se demandent : "Est-ce grave de manger des œufs de mite ?" ou encore "Quel est le risque de manger des mites alimentaires ?". En soi, avaler accidentellement une larve ou des œufs n’est pas toxique pour l’homme.

Cependant, on peut voir apparaitre des problèmes de santé, telles que des réactions allergiques ou des troubles digestifs.

Dans un cadre professionnel, vendre ou transformer des produits contaminés peut avoir des conséquences sanitaires graves, allant de simples plaintes consommateurs à des rappels produits massifs, voire des sanctions réglementaires. Une contamination avérée peut entraîner une perte de confiance des clients, des pénalités financières et, dans certains cas, la fermeture temporaire d'un site de production.

Pertes économiques

Une infestation de mites alimentaires peut engendrer des pertes financières considérables. Toute denrée infestée doit être détruite, ce qui représente un coût direct. Mais l’impact va bien au-delà : arrêt de la production, désinsectisation, vérifications sanitaires et remplacement des stocks. Sans compter les coûts liés aux rappels de produits, qui peuvent s’élever à plusieurs milliers d’euros.

Responsabilités légales

Si une infestation est détectée dans un stock d’aliments, la question de la responsabilité se pose. En cas de contamination avérée provenant d’un fournisseur, c’est à lui d’assumer les conséquences. Cependant, prouver l’origine de l’infestation demande des protocoles stricts de traçabilité et de contrôle qualité. Sans cela, la responsabilité peut retomber sur l’entreprise qui a stocké ou transformé les aliments.

Risques pour la réputation des entreprises du secteur agroalimentaire

Dans un secteur où la sécurité alimentaire est primordiale, la découverte de mites alimentaires dans un produit peut gravement nuire à une entreprise. Une seule alerte sanitaire peut suffire à faire fuir les clients et à ternir une réputation bâtie sur des années d’efforts. Les plateformes d’avis en ligne et les réseaux sociaux amplifient rapidement le problème, rendant toute infestation médiatiquement dommageable.

Le danger des mites alimentaires ne doit donc jamais être sous-estimé. Une prévention rigoureuse et une intervention rapide en cas d’invasion sont les seules solutions pour éviter des dégâts irréversibles.

 

Comment se débarrasser définitivement des mites alimentaires ?

Éliminer une infestation de mites alimentaires demande une approche méthodique. Dans l’industrie agroalimentaire (IAA), la gestion de ces nuisibles repose sur des mesures strictes de prévention, de surveillance et de traitement. Sans une stratégie adaptée, les infestations peuvent se répéter, augmentant les risques de contamination et de pertes économiques. Voici un plan de gestion durable pour s’en débarrasser efficacement.

Diagnostic : identifier l’ampleur du problème

Avant toute intervention, il est essentiel d’évaluer la présence des mites alimentaires. Pour cela, les entreprises utilisent des pièges à phéromones, qui permettent de détecter les adultes et d’estimer l’ampleur de l’invasion. Ces pièges servent principalement au monitoring, et non comme solution d’éradication.

Application des protocoles HACCP et bonnes pratiques de stockage

Dans l’IAA, la mise en place d’un plan HACCP est indispensable pour limiter le danger des mites alimentaires et assurer la sécurité des aliments et des consommateurs.

Cela passe par :

  • Le nettoyage rigoureux des zones de stockage pour éliminer les résidus de farine et autres produits alimentaires.
  • Le contrôle de l’humidité et de la température pour ralentir leur développement.
  • L’utilisation d’emballages hermétiques pour éviter toute contamination des stocks

Traitements curatifs : quelles solutions pour éliminer une infestation ?

Traitement thermique

L’exposition à des températures supérieures à 60 °C pendant plusieurs heures permet de tuer les œufs, larves et adultes présents dans les locaux et équipements. Cette méthode est efficace pour les infrastructures mais ne s’applique pas directement aux grains ou à la farine.

Anoxie : une solution en milieu fermé

L’anoxie consiste à priver les insectes d’oxygène en utilisant une atmosphère modifiée, souvent avec du CO₂ ou de l’Azote. Cette technique est employée pour traiter des grains stockés ou des denrées infestées, sans risque de contamination chimique.

Fumigation et nébulisation d’insecticide

Pour traiter les grains, seul un insecticide avec une AMM Phyto peut être utilisé, comme la fumigation au PH₃ (phosphine).

Pour les locaux vides, une pulvérisation ou nébulisation d’insecticide est privilégiée. La fumigation est également possible au fluorure de sulfuryle, ainsi que le traitement thermique. 

La confusion sexuelle

Qu’on soit dans une IAA normale ou bio, il est également possible d’utiliser la confusion sexuelle. Le principe est d’utiliser des phéromones sexuelles à une concentration importante dans l’atmosphère, ou d’attirer les mâles afin qu’ils se couvrent de phéromones sexuelles femelles afin de perturber la reconnaissance mâle femelle et ainsi, la reproduction.

C’est une technique qui fonctionne à plus long terme, ce n’est pas un traitement choc mais plutôt la mise en place d’un système de régulation sur la durée.

On obtient avec une telle solution en moyenne 67% de réduction de la population. Il faut maintenir la présence de pièges phéromones pour le monitoring, pour pouvoir évaluer la baisse de la population. 

Les insectes auxiliaires

Une dernière méthode est l’utilisation d’insectes auxiliaires. Ces parasitoïdes sont autochtones. Donc on n’introduit pas une espèce supplémentaire dans l’environnement. Il s’agit de Trichogrammes ou de Brachonidae.

Ils pondent sur les larves des insectes des denrées et leurs larves se nourrissent sur leur hôte.

C’est également une méthode sur le long terme, qui implique d’utiliser des insectes vivants, avec tout ce que cela implique comme logistique.

En cas d’utilisation d’auxiliaires, il faut évidemment stopper toute utilisation d’insecticides chimiques ou non, car ils tueraient les auxiliaires autant que les ravageurs.

 Insectes auxiliaire sur une mite alimentaire

Comment se débarrasser des mites alimentaires dans l’industrie bio ?

Dans l’industrie agroalimentaire biologique, l’élimination des mites alimentaires est un défi, car les traitements chimiques classiques (comme la fumigation au PH₃) sont interdits. Or une fois installées, les mites alimentaires sont difficiles à éradiquer sans traitement chimique.

Le danger des mites alimentaires dans le stockage des grains bio impose donc une approche préventive rigoureuse.

Une combinaison de bonnes pratiques, de surveillance active et de traitements naturels permet de limiter les risques et de garantir la qualité des produits. La terre de diatomée est un insecticide naturel qui agit par déshydratation de la cible. Son application est autorisée en bio. Mais elle doit être utilisée en prévention et combinée à d’autres mesures, car elle ne suffit pas seule à éradiquer une infestation.

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